Sancti Johannis Schola

Ecole du combat médiéval

Entrainements hebdomadaires

Un entrainement hebdomadaire se déroule tous les Dimanches (sauf exceptions et sous réserve de modifications) à 13h30.

Prière de contacter l'entraineur au 06 87 48 94 08 pour tous renseignements complémentaires.

adresse e-mail: sanjohsch@hotmail.fr

dimanche 20 décembre 2009

Le duel judiciaire, ses causes et déroulement : une illustration de l'éthique guerrière de la fin du XVe

J’ai toujours soutenu qu’une éthique morale régissait l’esprit martial des combattants du Bas Moyen Âge. Tempérons néanmoins : de nombreux facteurs devaient agir sur l’application pratique de cette, ou de ces, éthique. La guerre ne peut tolérer les mêmes comportements entre adversaires que la paix, de même l’attitude envers une personne provenant de la même région différera de celle envers un étranger – les lois régionales étant extrêmement hétérogènes. Admettons enfin la différence, même si le terme choisi est imparfait, de « classe » - à savoir noble ou non, puis les trois ordres reconnu par Duby : laboratores (ceux qui travaillent); oratores (ceux qui prient); bellatores (ceux qui combattent) - ainsi que le sexe des protagonistes, sont autant de facteurs à prendre en compte.
L’extrait que je vous présente ici n’est pas généralisé à tous ces cas de figures mais, comme nous le verrons, à certaines situations bien spécifiques. Il est tiré d’un des manuscrits produits par Hans Talhoffer, un maître d’armes souabe exerçant pendant la seconde moitié du XVe siècle, référencer comme le « Thott 290° » propriété du « Kongelige Bibliotek » à Copenhague et daterait vraisemblablement de 1459.

Voici à présent la traduction de cet extrait, en respectant au mieux la mise en page originale, qui sera suivi de son analyse :

« […] Ici vous trouverez écrit à propos du duel. Ainsi
ce qui est maintenant décréter comme interdit par tous les combattants.
Donc au fil du temps est advenu la coutume des
empereurs, rois, princes et seigneurs, à qui
l’un s’assimile et cherche à émuler, que l’un est
obligé de combattre, spécialement au regard de plusieurs
causes et articles qui sont écrites ci après.
Mais premièrement ceci - Personne n’est joyeusement permis de
tranché ses camarades avec des mots. Celui qui
agirait ainsi et combattrait n’est pas digne
pour batailler car il combattrait de façon indigne.
Alors donc ces causes susmentionnées sont sept,
pour lesquelles un homme a le devoir de combattre :
La première est le meurtre.
La seconde est la trahison.
La troisième est l’hérésie.
La quatrième est l’incitation à la déloyauté envers
son seigneur.
La cinquième est la trahison en temps de troubles ou autre.
La sixième est le mensonge
La septième est l’abus d’une fille ou d’une dame.
Voici pourquoi un homme défi un autre à un duel.
Un tel homme se présentera devant le tribunal et
présentera sa cause de sa propre voix.
Adonc l’accusateur nommera l’homme par
nom de baptême et patronyme. A l’heure appointée
il est juste que celui qui en appel au tribunal
présente sa plainte devant trois juges après l’arrivée
de l’accusé – à moins que l’un ne vienne pas répondre
de lui-même. Mais personne de sensé n’agira ainsi,
car vraiment l’un répondra mieux par [et pour] soi même.

Ensuite l’accusateur prouve que sa cause soit juste et
bonne. Alors l’accusé, autant que
son accusateur, comprendront et de cette façon
le land (pays) aussi. Uniquement après tous les témoignages
sera rendu le verdict.
Ainsi celui qui est défié, il vient seul
devant trois juges pour répondre et obtenir gain de cause.
Ainsi celui qui est défié, il dit qu’il est innocent et répète que les
accusations sont fausses, et donc qu’il
honorerai par la lutte cette affirmation, comme il
est juste et requis par le land (pays) dans lequel
il se trouve, puis lui est donné son temps d’entrainement. Est aussi
décidé que les hommes se battront selon la coutume
dans le land (pays). Ainsi les deux hommes jurent
volontairement de se présenter au tribunal et lutter l’un
contre l’autre – chacun avec environ six semaines de
temps d’entrainement en paix, durant lequel l’un ou les deux
sont bannis si l’un ou l’autre rompt cette paix – ainsi pas
avant l’heure estimée comme juste par le juge
un homme ne rencontrera un autre légalement.
Ainsi un homme est défié en duel par un autre
homme. Celui qui est présenté comme moins bon par l’autre –
peut avec justice rencontrer l’autre s’il le veut ; ou si
cet homme est réputé couard, il se peut que cet homme
ne se présentera pas au combat. Ainsi il parle uniquement en
insultant les nobles qui combattent, et ainsi que son
insulte ne passe pas sans mépris […] »


Il apparaît clairement que pour Talhoffer le recours au duel judiciaire était devenu une pratique coutumière de la royauté et de la noblesse lorsqu’il écrit en ce XVe siècle, et que ce recours était même légitimé dans certains cas.

Talhoffer commence par nous dire clairement qu’aucun homme n’attaquera un camarade avec des mots. Semble-t-il qu’une personne incapable de maitriser sa langue serait également incapable de se maitriser, ainsi que son arme, en combat. Nous percevons clairement que dans la mentalité de l’époque une certaine tempérance était attendue d’un combattant digne de ce nom. Encore un clou dans le cercueil des préjugés brossant le tableau d’un Moyen Âge, « barbare, immoral, décadent, sombre », j’en passe et des meilleures…

Suivent les causes requérant une résolution par un fait d’armes. Nous pouvons donc à juste titre affirmer que ces causes étaient déjà reconnues et codifiées. Nous les étudierons dans l’ordre du texte.

Le meurtre – il est plus que possible que cette notion était plus étroitement définie au Moyen Âge que maintenant car il était entendu qu’il y avait plus de cas dans lequel le meurtre était accepté qu’aujourd’hui. Comprenons plutôt le cas bien spécifique de l’assassinat malicieux, planifié et sans provocation d’un autre être humain.

La trahison – comprenons le fait d’œuvrer activement contre le bien de son pays ou son seigneur, par soulèvement ou autre méfaits.

L’hérésie – également une notion plus explicité à l’époque qu’aujourd’hui. Il semblerait être question ici de pratique allant à l’encontre de, ou reniant, la doctrine catholique. Sans doute les blasphèmes envers Dieu, les saints ou encore la vierge Marie encouraient la même sanction.

L’incitation à la déloyauté – sans doute on pensera en premier à l’incitation à la révolte et autre fomenteur de complot, on comprend aisément que dans des sociétés dont les dirigeants se revendiquent étant les élus de Dieu pour maintenir une rectitude judiciaire et morale sur les hommes jusqu’au jugement Dernier, toute personne visant à renverser cette équilibre d’ordre divine est une menace pour le salut de tous.

La trahison en temps de troubles ou autres - similaire sans aucun doute à la trahison simple traité plus haut. Ici il semblerait clairement qu’une trahison particulière est mise en cause : le fait de livrer des informations de quelque nature que se soit à l’ennemi et ceci en temps de guerre comme en temps de paix.

Le mensonge – pour autant que l’on puisse d’abord prouver le dit mensonge, ce qui serait œuvre d’une autre cour! Il me semble plus cohérent d’interpréter cette cause comme voulant dire « le manquement à la parole donnée ».

L’abus d’une jeune fille ou dame – sans grande imagination il apparait clair qu’ici l’on jette l’anathème sur les violeurs en tous genres. Il est aussi possible que les relations extra-matrimoniales ou adultères soient également concernées par cette sentence.


Il est intéressant, surtout pour l’historien et plus encore l’historien du droit, de voir expliquer étape par étape la procédure judiciaire menant jusqu’au duel. Il est possible que ce déroulement soit la plus « souhaitable» et non la plus courante.
Ajoutons qu'ils est quasiment certain que les armes et la forme du duel variait en fonction de la nature des protagonistes. Les divers manuels de maître Talhoffer nous montrent presque toujours un cas de figure intriguant: le cas d'un homme face à une femme. L'homme est systèmatiquement placé dans un puit lui montant jusqu'à la taille et est armé d'une massue de bois; la femme est libre de se déplacée tout autour du puit et est armée d'une pierre enveloppée dans son voile. Egalement nous voyons souvent le combat entre deux hommes armés de boucliers ovoïdales et parfois en supplément une épée à une main ou une massue de bois. Cette diversité des formes et surtout de l'armement utilisé ne fait que renforcer cette certitude qu'il existait une variation des fromes du duel basée sur la nature et l'origine des protagonistes.

Dans tous les cas il apparait que visiblement Talhoffer partage l’opinion qui devait être celle des dirigeants, bourgmestres et autres représentants de l’autorité : mieux vaut une violence canalisée, codifiée et appliquée dans un cadre contrôlé par l’exécutif qu’une violence sans limites hors de tout contrôle de la justice du pays ou de la ville.

dimanche 29 mars 2009

Programme d'un entrainement type

I) L’échauffement

Indispensable pour écarter les risques de claquages musculaires ou autre dommages corporels.
Essentiellement composé d’étapes de footing en salle, espacées par des exercices d’étirements et d’éveil musculaire, cette étape dure entre dix et quinze minutes. Elle comporte aussi une ronde de guardes destiné à rappeler aux élèves les positions clés du système qu'ils étudient.


II) Découverte de nouvelle(s) technique(s)

Cette première étape de l’entraînement, à proprement parler, consiste à présenter une, ou plusieurs, nouvelles techniques aux élèves. C’est aussi à ce stade que les premières questions relatives aux techniques exposées seront adressées.
Cette présentation est systématiquement une démonstration, soit face à un partenaire soit face à un mannequin, effectuée par l’entraîneur. Celui-ci présentera la technique sous deux formats :
- une première fois de façon décomposé. Ceci afin d’exposer clairement les éléments clés qui composent la technique, afin d’assurer une compréhension complète de celle-ci.
- une seconde fois à vitesse « de combat », c'est-à-dire à la vitesse utilisée dans un cadre d’affrontement. Ceci afin d’illustrer la technique dans sa forme la plus « réelle » et de donner une illustration claire de sa finalité.

Une fois les démonstrations effectuées et les questions adressées, l’entraîneur présente les exercices que les élèves auront à effectuer afin d’assimiler les techniques. Ces exercices peuvent se présenter sous forme ludique ou sous forme de « drills » ; dans les deux cas ils se travailleront soit en binôme soit face à un mannequin. L’entraîneur fait bien sur connaître les dispositions de sécurité avant le début des exercices.
Pendant que les élèves effectuent les divers exercices, l’entraîneur observe et corrige au besoin. Il répond aussi aux questions éventuelles des élèves et si nécessaire il remontre la technique travaillée. Il veille aussi au respect des consignes de sécurité et interrompt toute action qu’il juge dangereuse ou inappropriée.


III) Le « free-play » ou sparring

Cette activité, dans sa forme ultime, est la création d’un cadre d’affrontement dans lequel les élèves peuvent mettre à l’épreuve leur maîtrise des techniques apprises. Ainsi ils se familiarisent avec le cadre de combat et apprennent à adapter leurs connaissances en fonction des évènements tout en apprenant à gérer une situation de stress.
Ce sparring se fera pour la plupart du temps avec les simulacres bois / nylon, mais exceptionnellement il pourra se faire aux armes de sparring en acier, mais ceci uniquement en extérieur et avec les protections appropriées.
Evidemment ce n’est qu’après assimilation de certaines bases que le sparring à proprement parler peut être envisagé. En attendant l’assimilation de ces bases minimum, le sparring est remplacé par des jeux ou autres activités servant justement à accélérer cette assimilation.


IV) Bilan

L’entraîneur adressera les dernières questions de ses élèves et commentera le sparring de ces derniers. Il pourra apporter ici des suggestions et corrections supplémentaires aux actions des élèves.
C’est aussi à ce moment que sera présenté sommairement le programme de la séance suivante, afin que les élèves voient sur quoi découleront les éléments qu’ils auront vus lors de la séance qui s’achève.


V) Etirement

Tout aussi important que l’échauffement, cinq à dix minutes d’étirements aideront à lutter contre les courbatures avant de clore la séance.

Les sources historiques

Le corpus historique exploité


Les œuvres de trois auteurs, écrivant de la fin du XIVème jusqu’à la fin du XVème, constituent notre base de travail principale. Toutes sont issues de la tradition germanique.
Cette « école germanique » fut fondée par un certain Johannes Liechtenauer. De cet homme nous savons peu sauf qu’il a vécu au cours du XIVème siècle et que sa jeunesse fut dédiée aux voyages à travers l’Europe. De ces trajets il rapporta une collection de méthodes de combat de l’Europe entière que par la suite il synthétisa en un système unique. Ce système il l’enseigna à un cercle de disciples qui participèrent à la propagation de son Art grâce à leurs gloses et écrits personnels. De plus, le corpus germanique est nettement plus fourni, pour l’heure, que son homologue italien.
Les concepts et techniques sont aussi beaucoup plus abordables pour des débutants : ce qui en fait un objet d’enseignement beaucoup plus intéressant et un objet d’étude des plus prometteurs.

Le premier de ces auteurs s’appel Hanko Döbringer. Cet homme était un clerc et membre du cercle de disciples de Liechtenauer. Son « Hausbuch » daté de 1389 est le premier texte nous décrivant point par point le système mis au point par Liechtenauer. En cela il nous est indispensable car il représente certainement notre objet d’étude dans sa forme la plus « épurée » : il faut savoir que l’évolution militaire entre la fin du XIVème et la fin du XVème est d’une rapidité ahurissante. Ceci se traduit donc par l’adaptation du système originel au fur et à mesure des évolutions tactiques et techniques.

Un de ces premiers maîtres ayant revu le système Liechtenauer selon les goûts de son temps se nomme Sigmund Ringeck. Ce maître d’armes professionnel exerça aux alentours des années 1430 – 1440. Son œuvre, tout comme celui de Döbringer, ne comporte que du texte. Mais ses descriptions possèdent une rigueur dans le détail qui en fait un élément crucial quand elles sont mises en relation avec les travaux du troisième et dernier auteur de notre corpus.

Ce dernier se nomme Hans Talhoffer, également maître d’armes de métier. Il est, à l’heure actuelle, le plus prolifique des auteurs connus de la tradition germanique. Entre 1443 et 1467 il a produit pas moins de six « Fechtbuch » dont cinq nous sont parvenus. L’intérêt de ses travaux est qu’ils mettent en relation de courts extraits de texte accompagnés systématiquement d’illustrations dont la méticulosité d’exécution en fait de véritables manuels didactiques. C’est grâce à son œuvre que nous avons les meilleures idées de la forme physique propre aux techniques du système tout entier.



D’autres travaux, souvent d’auteurs anonymes, viennent s’ajouter à cette base.
Parmi ceux-ci nous pourrions citer le « Tower Fechtbuch » : le plus ancien manuscrit présentant un système complet d’escrime à l’épée accompagnée d’une rondache ; il date de la fin du XIIIème siècle.
D’autres, beaucoup plus tardifs, tel le livre monumentale de Joachim Meyer qui se trouve dans notre ville de Strasbourg : le «Gründliche Beschreibung des freyer Ritterlicher und Aderlicher Kunst des Fechtens» imprimé en 1570. Il reste encore au moins une dizaine de manuscrits plus ou moins complets - sans compter les manuscrits qui attendent d’être redécouverts - qui présentent des aspects de l’Art du combat encore peu ou pas étudiés : nous espérons remédier à cela entre autre.

mercredi 25 février 2009

L'équipement personnel

Base commune

- un pantalon de sport couleur sombre (type jogging ; pas de jeans ou de short)
- un t-shirt blanc (*)
- des chaussures de sport (rien de spécial, juste des baskets)
- gants rembourrés (type gant de soudure haute température **)
- masque de protection d'escrime classique
- épée "LSW" (arme en polymère composite)



Pour les premières fois, une paire de gants ainsi qu'un masque et un simulacre d'arme "LSW" seront pretés par l'école. Par la suite il sera demandé aux élèves d'obtenir leur équipement personnel complet. Ceci afin de pouvoir continuer a faire découvrir cette discipline à de nombreuses nouvelles personnes.
!Nota Bene!: comme nous nous entrainons en extérieur il est conseillé de se munir de vêtements supplémentaires en fonction des prévisions météorologiques et de la saison. (Pulls etc...)


Niveau 2 (cumulé à la base commune)

- veste de sparring
- gorgerin pour sparring








gorgerin








veste pour sparring


Niveau 3 (cumulé aux niveau 2)

- gambeson
- gantelets de plate (paire)
- arme de sparring acier








gantelets de plates








arme de sparring acier



___________________________________________
*: des T-shirts "Sancti Johannis Schola" seront disponibles sous peu
**: disponible en grande surface de bricolage pour environ 10€ la paire - elles sont de couleurs rouge. (les meilleurs gants reste néanmoins ceux crées par des professionels de la reconstitution historique.)
***: cette liste est non exhaustive et constitue le minimum requis pour chaque élève et pour chaque niveau. Les personnes souhaitants acquérir des pièces supplémentaires sont invité à en discuter avec l'entraineur afin qu'il les guide au mieux dans leurs choix.

dimanche 22 février 2009

Les armes étudiées


Les armes étudiées, dans le cadre des entraînements hebdomadaires, varient en fonction du niveau des élèves. Toutes sont considérées comme des armes que l’homme d’arme professionnel, ou le chevalier, se devait de savoir manier.
Sur un tronc commun simple, servant à inculquer les principes fondamentaux de toutes les sous-disciplines, viendront s’ajouter les préférences des élèves. La personnalisation de l’entrainement est capitale pour l’épanouissement de l’élève. A ce propos, il est recommandé aux élèves de garder un petit carnet de notes dans lequel ils pourront noter toutes leurs observations, ainsi que leur progression et tout commentaire utile.

Tronc commun :

- principes de base de l’escrime à l’épée bâtarde
- initiation aux techniques de dague
- initiation aux techniques de lutte

Autres composantes :


- perfectionnement des techniques de dague
- perfectionnement des techniques de lutte
- découverte du maniement de la pique
- découverte de l’escrime avec épée à une main + targe (rondache)
- découverte des techniques au marteau de Lucerne

samedi 21 février 2009

Comment on s'entraine?


Typologie des exercices

Bien avant de se jeter sur l'adversaire il est nécessaire pour chaque élève d'assimiler de solides bases techniques et sécuritaires. L’entraîneur a à sa disposition trois formes d’exercices, chacune avec un objectif qui lui est propre, pour favorisé la progression de ses élèves dans ces deux domaines.


I) le « line-drill »

Ce type d’exercice consiste en la pratique décomposée d’une technique, par les élèves, en suivant le rythme imposé par l’entraineur. Cet exercice se pratique « dans le vide », c'est-à-dire sans partenaire ou mannequin.
L’objectif ici est de s’assurer que les éléments clés de la technique, illustrées lors de la démonstration au ralentis, soit correctement assimilées et exécuter par les élèves. L’importance est accordée aux positionnements des mains, de la lame, des pieds.


II) travaux face au mannequin ou « pell »

Ce type d’exercice a pour but de perfectionner les trajectoires des actions offensives. L’accent est mis sur le placement correct d’une attaque X sur un mannequin présentant les principales attributions physiques d’un être humain (les bras, le cou, les jambes, le niveau de la ceinture…)

Il est absolument vital, tant pour la sécurité des pratiquants que pour leur compréhension correct du système, que ces exercices de trajectoires soient pratiquer diligemment. Du point de vue de la sécurité une mauvaise trajectoire exécutée, alors que le partenaire attend une trajectoire correcte, résulte souvent en des blessures plus ou moins importantes. Nous comptons à tout prix éviter ce cas de figure malheureux.


III) Le drill en binômes

Le travail de techniques en binômes est également d’une importance conséquente. En effet le concept même du combat implique la réaction aux actions d’un adversaire. Il faut donc que les élèves puissent assimiler les techniques en prenant en compte les sensations créé par un adversaire réel.
Ces exercices sont bien sur régis par des mesures de sécurité, telle la tenue appropriée et les dispositions particulières énoncées par l’entraîneur, des plus adaptées.

Les armes de la période et les simulacres employés


Notre discipline, rappelons le, consiste en l’interprétation et l’apprentissage de l’utilisation de certains outils martiaux du Bas Moyen Âge.

Voyons maintenant de façon plus détaillée les formes que prenaient ces armes à l’époque, ainsi que les outils contemporains qui nous permettent d’étudier le maniement de ces armes du passé.



I) L’épée « bâtarde »

Cette arme est la première enseignée car elle permet de présenter tous les concepts tactiques et techniques inhérents au combat médiéval, qui par la suite s’adaptent à toutes les autres armes.
Elle tire son nom – contemporain d’ailleurs – du fait qu’elle allie les capacités de tranche et d’estoc, alors qu’auparavant il était plus fréquent qu’une arme soit profilée pour l’une ou l’autre de ces actions.
Son développement s’amorce à la fin du XIIIème siècle, sa forme définitive est atteinte au milieu du XIVème siècle. Par la suite ce ne sont que de légères modifications stylistiques qui permettent de dater les armes de cette catégorie.

Les pièces de musées nous fournissent les modèles originaux que des professionnels de l’armement sont capables de reproduire. Bien évidemment il est hors de question d’utiliser des armes tranchantes ou pointues, de ce fait les armes de sparring acier présentent des tranchants aplaties et un estoc arrondie.
Ces armes en acier ne servent qu’au sparring (aussi appelé ‘free-play’) des plus expérimentés, en complément de tenues de protections adéquates et ce pour des raisons évidentes de sécurité.

Pour les personnes n’ayant pas encore le niveau pour utiliser ce genre d’arme, d’autres simulacres sont utilisés. Ceux-ci permettent un travail technique des plus réaliste ainsi que la possibilité d’effectuer du sparring « allégé ». C'est-à-dire évoluer dans un cadre de combat contrôlé - à l’opposé du free-play ou les participants sont libres d’évoluer comme ils l’entendent - ici l’entraîneur dressera simplement les conditions d’engagements auxquels les participants seront tenus.
Ces simulacres peuvent être de bois ou encore d’un polymère composite crée par un espagnol spécifiquement pour notre activité.

Cette dernière option est celle que je préconise pour tous. Le bois garde une possibilité contondante importante car il n’a aucune flexibilité. En revanche l’arme en composite possède une flexibilité similaire à une bonne épée en acier trempé : ceci limite les dégâts qu’elle peut causer tout an augmentant le réalisme du maniement de l’arme. Il faut dire que la capacité de « ressort » d’une épée est encore peu appréciée, alors que souvent elle est capitale à la bonne exécution d’une technique.
Le prix est aussi une des raisons pour favorisé les armes en composite. Une arme de qualité acceptable en acier coûte aux alentours de 250€ (prix de départ), alors que l’arme composite ne coute que 80€, celles en bois se situe aux alentours de 70€. Ceci rend notre activité abordable à tous. Ceux qui, par la suite, souhaitent investir dans des armes acier pour continuer à progresser pourront le faire en ayant déjà une idée claire de l’utilité de l’investissement.


II) la dague

Autant outil qu’arme, la dague accompagnait l’homme médiéval dans toutes ces activités. Ses formes sont multiples, mais celle que nous retenons pour notre discipline est celle illustrée dans la majorité des traités de combats : la dague à rouelles.
De même que les épées, les simulacres de dagues peuvent être de bois ou de caoutchouc.

Le prix des armes caoutchouc se situe aux alentours de 33$ (soit 22€), celles de bois aux alentours des 20$ (soit 13€).
Du point de vue technique les deux possibilités se valent. Je préconiserais néanmoins l’option bois si ce n’est qu’elle offre la résistance des dagues en acier, alors que les dagues en caoutchouc sont un peu trop flexibles. L’utilisation des dagues en bois est d’ailleurs attestée dès la fin du XVème siècle pour l’entrainement en salle.


III) Le marteau de Lucerne

Cette arme tire son nom de la ville de Luzern, qui développa sa forme propre d’une arme courante : le marteau d’arme. Cette arme permet d’initier les élèves aux techniques propres aux armes « d’hast », c'est-à-dire les armes emmanchées.
Il existe d’autres armes d’hast, telle la pique. Son maniement est similaire à celui du marteau d’arme.
Pour ce qui est des outils permettant de s’entraîner à ces diverses techniques, il existe un marteau d’entraînement caoutchouté ainsi que des pointes de lances en caoutchouc ; les manches sont toujours de bois.
Le marteau complet revient à environ 100$ (soit 67€), la pique revient à environ 40$ (soit 27€). A l’heure actuelle je n’ai pas trouvé de meilleurs simulacres pour ces armes.


IV) l’épée à une main et la targe

Cette combinaison d’équipements était l’une des plus fréquentes tout au long du Moyen Âge. La pratique était tellement étendu, que de nombreux royaumes et villes ont été obligés d’interdire le port de ces armes dans les villes, ceci pour minimiser la violence des rixes d’ailleurs assez courantes.
Du point de vue de la pratique cette combinaison présente une nouveauté conséquente pour les élèves : elle oblige l’apprentissage de la gestion de plusieurs outils à la fois. En effet l’épée peut être utilisée de façon tant offensive que défensive ; de même la rondache (targe) pour autant qu’elle protège des coups, peut néanmoins en fournir de très efficaces. A noter aussi que cette escrime est beaucoup plus rapide que celle utilisant l’épée bâtarde car la distance entre les adversaires est réduite par la portée plus courte des armes.
Comme pour leurs grandes sœurs, il existe, pour les épées à une main, des simulacres en acier, en bois et en polymère composite. Encore une fois ma préférence va aux simulacres polymère pour exactement les mêmes raisons que leurs consœurs bâtardes. Leur coût s’élève à 70€ pièce.

Pour ce qui est des rondaches (aussi appelées « targes ») il existe trois possibilités.
En premier lieu les rondaches de bois : elles présentent l’avantage d’être peu chères, en revanche leur durée de vie est des plus courte.
En second lieu nous avons les rondaches en acier : celles-ci ont une durée de vie très longue, par contre elles sont très dangereuses dans le cadre de l’entrainement : l’acier ne pardonne jamais lors d’un impact.
La solution que je préconise est la rondache en cuir bouillie. D’un prix des plus abordable (environ 90$, soit 70€), elle permet un travail de contact en toute sécurité en plus d’un réalisme de l’action des plus bénéfique à la formation de l'élève. Leur composition en cuir les rend légèrement malléables. En complément des simulacres polymère, cette combinaison permet d’accroître sensiblement la durée de vie de toutes les pièces d’équipement.

vendredi 20 février 2009

Pourquoi créer cette école?


Depuis quelques décennies un nouvel engouement pour les arts du passé se développe. Une nouvelle Renaissance est en marche. Mais cette renaissance, loin de rejeter et de trier selon son bon vouloir quels éléments du passé elle souhaite remettre à l’honneur, cherche une compréhension totale de ce passé, si lointain et si proche à la fois. Il est cependant impossible pour un seul homme d’acquérir une compréhension intégrale de tout à propos de tout. Nous devons alors choisir quels éléments nous, en tant qu’individus, souhaitons comprendre, pour pouvoir ensuite offrir cette connaissance à la communauté.

Pour ma part j’ai choisi les arts martiaux occidentaux très tôt. Après avoir pratiqué le judo pendant huit ans - et ayant eut un aperçu de toutes les cultures martiales asiatiques qui prenaient de plus en plus d’importance dans nos pays de l’ouest – je me suis interrogé sur l’existence de cultures similaires propres à mon passé d’européen, de notre passé en tant qu’acteurs de l’Histoire.

C’est alors avec joie que je découvris le monde de la Reconstitution Historique (aussi appelé « Histoire Vivante »). Là je voyais pour la première fois ces chevaliers de romans, ainsi que leurs cadres sociaux, qui avaient animé mon enfance - accompagnés souvent, et de façon des plus anachroniques, de d’Artagnan et de ses fidèles amis – en chair et en os.


Mais encore une fois je fus vite sceptique. Ces personnes, aux intentions les plus louables, semblaient eux aussi sélectionner de façon arbitraire la composition de leurs prestations avec une rigueur historique souvent des plus contestables. Je m’interrogeais alors, à nouveau, sur la composante constante de l’Histoire de l’Homme : le déroulement de la guerre. Comment les armées étaient elles organisées, soldées, formées, appelées ? Qui menaient ces guerres ? Pourquoi les menaient-ils ? Et surtout comment se préparait-on, techniquement et psychologiquement, à la guerre en tant qu’individu ?

C’est à cette dernière question que je m’acharne, depuis quelques années, à trouver une réponse. Elle se profile aux lueurs des manuscrits de combats – appelés « Fechtbücher » pour la tradition germanique – propres à notre culture et passé européen. Parmi une communauté toujours croissante de chercheurs passionnés, et de pratiquants fascinés, de cette discipline renaissante qu’est l’Art du combat médiévale, j’apporte ma participation à son évolution et à sa propagation, ainsi qu'à la promotion des valeurs dont elle se veut la protectrice.

Notre travail n’en est qu’à ses débuts. Il est plus que probable que les résultats obtenus jusqu’à maintenant, jugés titanesques par beaucoup, ne soient qu’une goutte d’eau dans un océan de connaissances attendant patiemment qu’on s’y plonge à nouveau. Les écoles d’escrime naissantes, ainsi que les salles d’armes, participent de façon vitale à la renaissance de cet Art perdu qui se dévoile peu à peu à ceux qui en sont tombés amoureux.

Car il s’agit bien d’un amour. Un amour pour le passé réel, et non sa version romancée. Un amour pour l’héritage que nos ancêtres nous ont laissé, et que nous avons longtemps ignoré où diffamé.