Sancti Johannis Schola

Ecole du combat médiéval

Entrainements hebdomadaires

Un entrainement hebdomadaire se déroule tous les Dimanches (sauf exceptions et sous réserve de modifications) à 13h30.

Prière de contacter l'entraineur au 06 87 48 94 08 pour tous renseignements complémentaires.

adresse e-mail: sanjohsch@hotmail.fr

mardi 16 février 2010

Une réflexion sur la méthode et l'évolution de l'enseignement moderne

Il existe de nombreuse écoles et pensées sur la meilleure façon d’apprendre, de façon complète, l’Art du combat médiéval. Définir cette notion de « complète » est déjà une tache ardue et je ne propose pas d’y répondre maintenant.


Par contre présenter ma pensée méthodologique, appuyé sur une expérience de près de dix ans et, au vu des différentes écoles que j’ai eu l’occasion de fréquenter ou discuter avec d’autres, reste dans la portée de cet article. Un entrainement, une formation, pour quelque discipline que ce soit nécessite plusieurs approches et une évolution logique dans la mise en pratique de ces différentes approches.

Commençons par un aperçu des différentes approches possibles. Elles ne sont pas innombrables et regroupent dans un ordre arbitraire :

- Les exercices en solo

- Les travaux avec un partenaire

- Les tests de coupe

- Le sparring (ou free play)


Les exercises en solo

Absolument rien ne surpassera le maniement d’une réplique parfait des armes des temps jadis. Malheureusement nous sommes immédiatement confrontés à des problèmes de sécurité si nous nous essayons à des exercices avec une réplique digne de ce nom et une personne vivante en face de nous.

Par contre un « pell » (mannequin de frappe) et une réplique permettent un travail important. Notamment des exercices de trajectoires, un travail d’endurance dans la répétition du mouvement, la création progressive de « réflexes musculaires » transformant une technique complexe en un mouvement coulant presque de source et enfin – et c’est sans doute le plus important – la création d’un panel important des sensations causées par le mouvement d’une arme réelle.


Le travail avec un partenaire

Ici nous abordons une autre approche. Le partenaire permet un nouveau travail. Il permet de visualiser tous les attributs physiques d’un adversaire, de les percevoir en mouvement et de créer le panel de sensations causé par les réactions d’un être humain en possession d’une arme.

Mais ici survient un autre problème. Nous ne pouvons décemment utiliser d’armes métalliques, mêmes émoussées, car nous ne pouvons mettre en danger un partenaire de travail (ni même un autre être humain, nous ne sommes pas là pour ça après tout). Il nous faut donc adapté le matériel d’entrainement en adoptant des simulacres d’armes, des protections minimales tels les gants et un masque. Ceci cause un autre problème que j’aborderais dans le détail dans la section traitant du sparring et qui touche à la déformation de l’apprentissage par l’ajout d’élément de protection non existantes dans la pratique illustrée des diverses techniques


Les tests de coupe

Absolument vital car c’est le seule moment ou nous pouvons manipuler des armes tranchantes. Face à des structures simulant sommairement la résistance des tissus humains nous pouvons gaiement porter des attaques potentiellement mortelles pour un humain. Cet exercice permet de prendre conscience de la maitrise nécessaire à la réalisation d’attaques tranchantes efficaces. C’est souvent à ce stade que beaucoup d’élèves se rendent compte de la difficulté que cela peut présenter. Les sensations créées ici peuvent ainsi être répercutées dans la manipulation de tous les autres simulacres et dans tous les autres cadres de la formation.


Le sparring

C’est sans doute l’exercice le plus ambigu dans son utilisation par les formateurs modernes. Cet exercice permet un élément important dans la formation : la mise en situation d’un affrontement réel. Réel jusqu’à un point, car pour des raisons de sécurité nous sommes forcés de nous harnacher d’une façon en total discordance avec les situations illustré dans les manuscrits. Par là j’entends que le niveau de protection requis nous transforme effectivement en des porteurs d’armures. Nous devrions donc nous entrainer exclusivement aux techniques propres au « harnissfechten » et non aux techniques du « blossfechten » (combat sans armure). Il faut peut d’imagination, et trente secondes de pratiques, pour se rendre compte des altérations du mouvement, de la respiration, de l’agilité, la souplesse et la rapidité qui sont tous requis pour effectuer ses fameuses techniques propres aux situations sans armure.

Maintenant certains sont plus adeptes d’une approche, et d’autres favorisent les options autres. Je pense qu’il faut un mélange correctement encadré de toutes ces approches. Chacune apporte des sensations différentes, qui mises bout à bout permettent sans doute de recréer une bonne image sensorielle du combat au sens large du terme ; et chacune permet un travail différent et important dans l’acquisition des connaissances nécessaires à l’appréciation des sensations acquises dans la pratique de ces exercices.



C’est en quelque sorte un cercle sans fin : plus on pratique les exercices, plus les sensations s’affinent ; plus les sensations s’affinent, mieux on pratique les exercices etc.

Oui mais par ou commencer ? J’ai trouvé que mes élèves progressent plus vite en démarrant par des travaux face à un partenaire et un travail avec un mannequin en parallèle. Ceci leur permet d’obtenir les éléments essentiels des différentes techniques : les trajectoires, les positionnements des mains, les bons déplacements et le maintient correct de l’équilibre.

Avec ces éléments en main il devient viable de placer les élèves face aux simulacres de tissus humains avec des armes tranchantes. L’apprentissage des diverses façons de trancher nettement permet par la suite un retour aux exercices avec un partenaire en y incluant les légères modifications qu’aura causée la découverte des méthodes de coupe. La réalisation des techniques commencera alors à vraiment se perfectionner.

En tout dernier vient le sparring. Beaucoup sont mal avisés en pensant qu’ils apprendront plus vite dans une situation de combat. Tout dépend de ce que l’on souhaite apprendre. La situation de combat permet d’apprendre à gérer une situation de stress, la respiration, une mise à l’épreuve de l’endurance du combattant et une vérification des acquisitions théoriques. Je dis bien une vérification et non une acquisition à proprement parler car les dernières choses qu’on apprend dans le sparring ce sont des techniques. Pire, si le sparring intervient trop tôt dans l’apprentissage le net résultat est l’acquisition de mauvais réflexes et de mauvaises habitude qui prendront beaucoup plus de temps à « désapprendre », pour recommencer sur des bases saines, que de faire preuve de patience et d’arriver progressivement au sparring en possession de capacités techniques permettant de profiter de la pratique du sparring.

A noter aussi que l’utilisation des protections déforme les techniques et donc rend ce genre d’exercice impropre à leur bonne acquisition.


Je suis donc de l’avis qu’il ne faut pas être pressé d’arriver à la rencontre ultime du combat. On en profitera tellement plus lorsqu’on est en possession des techniques et des sensations qu’elles provoquent, que d’y foncer tête baisser et finir par reproduire les erreurs d’ignorance ou encore « hollywoodienne ».

Je mets l’accent sur l’acquisition des sensations au travers des techniques car je pense que c’est en suivant cette voie que nous nous rapprocherons le plus de la pratique réaliste des techniques. Même si le sparring est un réel bonheur pour celui qui est équipé techniquement pour en profiter, je ne vois pas là l’étape ultime de l’évolution du pratiquant. Filipo Vadi di Pisano nous dit que :



« […] un excellent combattant peut être un piètre maître ; mais un combattant moyen peut être un excellent professeur […]»



Et je pense que là réside l’objectif et la voie ultime pour les pratiquants et chercheurs « réalistes » de notre temps.